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Le Parisien
12-07-2025
- Politics
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Chelles : écroué pour avoir menacé de mort sa mère et tenu des propos antisémites à son encontre
Selon le psychiatre qui l'a rencontré en garde à vue, tout va bien. Sacha n'a aucun souci d'ordre psychique : le médecin n'a relevé ni altération, ni abolition de son discernement. Et pourtant : en l'écoutant se dépêtrer dans ses explications depuis le box du tribunal correctionnel de Meaux, on pouvait se poser des questions sur sa santé mentale. C'est que ce quadragénaire, jugé vendredi pour des menaces de mort réitérées en raison de la religion, a martelé qu'il ne souvenait pas de ses propos. Impossible pour lui de se rappeler les horreurs qu'il a dites à sa propre mère et qu'il a en partie répétées devant les policiers. Sacha, qui a déjà été hospitalisé en psychiatrie et suit - plus ou moins - un traitement médicamenteux, n'a eu de cesse de réclamer des soins. A l'audience, il a évoqué des hallucinations auditives et des idées suicidaires. « Est-ce que vous avez un problème avec les Juifs ? », lui a demandé la présidente Cécile Lemoine. Réponse de Sacha : « Je n'ai aucun problème avec qui que ce soit ». C'est que cet habitant des alentours de Chelles, qui vit chez sa mère, s'est est pris à elle de manière virulente. Tout en levant son poing dans sa direction. « Sale pute de Juive. Pourquoi Hitler n'a pas fait son travail ? », lui avait-il lancé à l'occasion d'une crise, en janvier. Avant de réitérer quelques mois plus tard : « Hitler n'a pas terminé le travail ». Pas facile de comprendre comment un fils peut se retourner contre son ascendant. Les juges ont seulement compris que le prévenu s'était converti à l'islam et fréquente la mosquée des Coudreaux, à Chelles. Sacha l'a répété moult fois : quand il va mal, il ne se rend « pas compte » et dit « tout et n'importe quoi ». En garde à vue, les policiers avaient eu droit à la même logorrhée, faite de propos antisémites qu'il pensait pouvoir justifier par le conflit au Proche-Orient. La substitute du procureur Alice Lelong n'a pas caché son embarras : « Je ne suis pas d'accord avec les examens psychiatriques. On voit bien qu'il y a quelque chose de l'ordre du délire chez le prévenu ». La parquetière voulait protéger la mère du prévenu, pour laquelle elle s'est dite inquiète. Elle a requis 18 mois de prison, dont 8 ferme à effectuer en placement extérieur, à l'encontre du prévenu, déjà condamné 19 fois par le passé. Dans le box, Sacha pleurait. Pour son avocate Me Anne-Sophie Lance, le délire de son client était apparent : « Il tient des propos incohérents dont il ne se souvient pas. Il a besoin de soins ». Les juges ont prononcé une peine de 18 mois de prison, dont 8 ferme avec mandat de dépôt. Le prévenu - qui a interdiction de paraître au domicile de sa mère - a été écroué.


Le Figaro
10-07-2025
- Politics
- Le Figaro
Les troubles psychiques en prison «explosent», alerte un rapport parlementaire
Les troubles psychiatriques sont trois fois plus présents qu'à l'extérieur et la prise en charge ne cesse de se dégrader, selon ce rapport déclinant «100 propositions pour sortir de l'impasse». Deux associations de soignants en milieu pénitentiaire alertaient déjà, le 6 juin dernier, sur une situation devenue intenable : conditions de travail détériorées, surpopulation carcérale, et de plus en plus de professionnels jetant l'éponge. À leur tour, les députés se font l'écho de cette situation critique : un rapport parlementaire rendu public jeudi indique que les troubles psychiatriques en prison sont trois fois plus présents qu'à l'extérieur et que la prise en charge ne cesse de se dégrader. Le rapport de 244 pages déclinant «100 propositions pour sortir de l'impasse» a été présenté en conférence de presse à l'Assemblée nationale par ses co-rapporteuses, les députées Josiane Corneloup (LR) et Elise Leboucher (LFI). La problématique est loin d'être nouvelle, et les professionnels dénoncent depuis des années la présence en prison d'un nombre croissant de personnes qui n'y ont pas leur place. La mission a abouti à un constat «totalement unanime» d'une situation fortement dégradée où les «troubles psychiques explosent», a déclaré Josiane Corneloup, alors que «la santé mentale a été désignée grande cause nationale en 2025». Publicité Parmi les facteurs aggravants : la surpopulation carcérale «spectaculaire» qui bat chaque mois de nouveaux records historiques, et une pénurie toujours croissante de moyens - en termes de lits dédiés à la psychiatrie ou du nombre de psychiatres - a aussi conclu la mission. Elle dresse un tableau très sombre de la situation, en dehors de quelques initiatives locales et individuelles. «Il faut presque tout renverser, changer de braquet dans la vision de ces prises en charge», a résumé Mme Leboucher, dénonçant de «multiples dysfonctionnements». Cette politique publique est «minée par le cloisonnement et l'incompréhension», avec un «pilotage aveugle sans aucune culture de l'évaluation», en cogestion entre les ministères de la Santé et de la Justice, à qui le rapport sera transmis, a complété Mme Corneloup. À leur sortie de prison, deux tiers des hommes et trois quarts des femmes présentent un trouble psychiatrique ou addictif. Les deux députées espèrent que leur constat sera entendu, même si les discours gouvernementaux sont plus à la fermeté qu'à la prévention ou la dignité des conditions de détention. «Les sujets ne sont pas antinomiques, je suis très attachée à la sécurité et nous devons être exemplaires par rapport aux sanctions», a commenté Mme Corneloup. Pour autant, «le but n'est pas d'aggraver» l'état de santé des détenus, mais de «faire en sorte qu'ils aillent mieux en sortant que quand ils sont rentrés, alors qu'aujourd'hui on est plutôt dans une spirale infernale».